Un temps suspendu dans un nuage coloré.
On peut perdre la force de lire, on peut laisser flotter les mots et n’en saisir qu’un de temps en temps, au vol, en l’attrapant par une plume. On peut en vouloir à ses jambes de ne plus porter se corps qui demande encore à vivre, vibrer, ressentir, s’exprimer, même lourd et maladroit. On peut parfois s’en désespérer, au point de vouloir que tout cesse.
Mais, même moins habiles, moins véloces, moins précises, les mains raides et lourdes sans doute dans leur envolée, peuvent parfois rendre espoir, laisser sur le Canson des formes de rêves, des couleurs d’espérance et redonner à la journée qui s’égraine une onde de plaisir, une vague de douceur au point que les yeux en deviennent humides de joie.
Ce plaisir, peut effrayer… la peur de ne pas le retrouver, la peur de se décevoir, la peur de voir qu’il y a un avant et un maintenant. Pouvoir affronter cette lame de fond pour s’élancer ou s’avancer avec prudence dans les bras tendus de sa passion.
Retrouver les kinesthésies pétries de sensations anciennes au contact de ses propres pinceaux, la trace de son geste dans la découpe du vieux pastel fatigué mais si fidèle qui caresse doucement la pulpe des doigts, l’odeur inimitable de son l’huile, et le glissé incomparable sur ce gesso… plus rien n’existe autour de soi. Les artistes de l’Atelier s’évadent de notre monde pour retrouver un ailleurs libre et si familier.
Un petit atelier, « L’atelier des artistes » propose cet instant d’échappée, ce moment volé à la maladie. Pas grand « L’atelier des artistes » un entre-soi d’amoureux de l’huile, du fusain ou du pastel qui colorent le cœur de l’artiste mais aussi de ceux qui regardent ces mains hésitantes désirer et réaliser.
Un atelier où le silence est une exigence, un signe de respect. Un ailleurs, un lieu hors du temps, hors des souffrances, hors de l’ordinaire et du quotidien parfois si douloureux à vivre. Juste des regards emplis de bonheur qui croisent nos yeux admiratifs devant cette vie si intense qui exulte au point de faire oublier aux gourmandes l’heure du déjeuner.